Dès l’antiquité, le médecin grec Claude Galien postulait l’existence de quatre humeurs dans le corps : le sang, la bile jaune, la bile noire et le phlegme. La bile noire, venant de la rate, était soupçonnée d’être à l’origine de la fatigue, et de la mélancolie. Tous ces gens fatigués, ou qui rient nerveusement, coupons leur la rate! Prescrivaient certains adeptes de la «chirurgie splénique».
Regardez autour de vous, dans le métro, sur les bancs, ces gens qui ferment les yeux le matin, comme s’ils essayaient de continuer leur nuit. Nous sommes en permanence stimulés par les e-mails, les téléphones, les informations, et milles autres sollicitations de notre vie quotidienne.
Ecoutez au tour de vous les gens se plaindre de maux de tête, de mal de dos, de maux de ventre, de rhumes ou autres maladies à répétition : « je suis crevé », «j’ai besoin vacances », « ça fait seulement une heure que je suis au boulot et je suis déjà épuisé ? ». Tous ces ressentis sont souvent exprimés par un seul mot « la fatigue ».
Selon les époques et les civilisations, la fatigue n’est pas la même. La fatigue est un état très subjectif. C’est une sensation d’affaiblissement ressentie par un individu, susceptible d’être engendrée par de très nombreux facteurs (surmenage, troubles du sommeil, une alimentation déséquilibrée, des infections, des traitements, un grand stress, ou encore une dépression…)
Reprenons notre parcours historique :
À l’époque de l’esclavage, il n’aurait pas été envisageable ou toléré d’évoquer une éventuelle fatigue ; enchainé, l’être humain était considéré comme une machine corvéable à merci.
« Au IVe siècle après Jésus-Christ, le moine ascète Evagrius Ponticus observa que ses congénères piquaient régulièrement du nez vers midi. Mais quel était donc ce démon qui les endormait? Le «démon de midi», pardi! en conclut le moine, persuadé qu’un mal inconnu venait retirer aux hommes leur force et leur foi. »
A l’époque contemporaine, la médecine moderne inventa un terme : la neurasthénie, pour décrire tous ces symptômes de fatigue et de léthargie, que l’on attribuait au XIXe siècle aux changements rapides de la révolution industrielle.
Une intrication entre fatigue physique et mentale
La fatigue physique ou mentale exprime chacune à leur manière qu’un individu a vidé ses réserves énergétiques. Il n’est pourtant pas si simple de distinguer l’asthénie de la psychasthénie (la fatigue psychique) car, même purement mentale : conséquence de stress répété, d’évènements émotionnellement éprouvants, de réflexions prolongées, et d’autres situations bouleversantes, elle se traduit par des manifestations corporelles : des tensions musculaires et un mal être diffus.
La fatigue est un symptôme fréquemment rencontré dans la société actuelle. Elle est considérée comme « normale » lorsqu’elle suit une période de travail intense, de stress ou de nuits courtes mais qui s’améliore après une période de repos. Pourtant, lorsque la fatigue s’installe, la mise en place de mesures correctives ou préventives peut ne pas améliorer la situation donc il est bon de s’interroger sur les causes de cette dernière. Souvent interprétée comme banale, elle peut cependant être le symptôme d’une autre maladie sous-jacente, ou plus grave : infection, dépression, cancer, anémie, etc.
Certains distinguent différentes types de fatigue :
- La fatigue physiologique : elle est liée à l’excès de dépense et à l’insuffisance de récupération.
- La fatigue psychique : les causes peuvent découler de d’anxiété généralisée.
- La fatigue toxicologique : de l’usage de certains médicaments ou fatigue liée à des addictions.
Corps et esprit sont liés, dans un même mouvement l’un et l’autre s’influencent. La fatigue que nous ressentons parfois est loin d’être uniquement physique, elle peut tout aussi bien être psychique. Les deux entités peuvent générer des symptômes similaires mais proviennent de facteurs différents.
Comment pouvons-nous différencier l’origine de la fatigue quel soit organique ou psychique ?
Prenons quelques exemples :
- En cas de gastro-entérite, même en cas de bonnes conditions physiques au départ, les pertes hydriques en minéraux et les difficultés d’alimentation vont rapidement aboutir à un état d’épuisement physique qui s’il perdure va atteindre votre morale et aggraver votre état.
- Les personnes atteintes d’affections chroniques respiratoires comme les asthmatiques ou les porteurs de BPCO (Broncho-pneumopathie chronique obstructive) sont bien connues pour ressentir des états chroniques de fatigue physique qui retentissent sur leur humeur et sur leur moral. Demandez donc à leur entourage !
- Les femmes en période de péri-ménopause ou de ménopause, bien que les symptômes physiques soit en rapport avec une carence hormonale allèguent très fréquemment de multiples symptômes psychiques.
- Dans les syndromes dépressifs d’évolution chronique, il n’est pas rare que le retentissement physique soit important voire même au premier plan.
- Dans tous les désordres neuropsychiques, il est constaté que les patients interprètent souvent des symptômes ou des pathologies chroniques dont ils sont porteurs en fonction de leur état mental.
Causes et facteurs de risque de la fatigue
Nous le savons, il existe une forte corrélation entre la fatigue organique et la fatigue psychique. Plusieurs facteurs influencent cette réponse de l’organisme à une dépense excessive d’énergie : la fatigue.
L’âge est un facteur significatif qui peut entrainer une fatigue conséquente. Avec l’âge, la force musculaire diminue, ce qui conduit à des performances moyennes. On constate aussi avec l’âge une diminution des capacités cardiovasculaires, pulmonaires et rénales, ce qui limite l’apport énergétique et les capacités d’élimination des déchets. Dans l’ensemble, on constate qu’avec l’âge une diminution de ce qu’on appelle la « réserve » de chaque grande fonction de l’organisme.
Quand on parle de sommeil, les hommes et les femmes ne sont pas égaux. Qui dit manque de sommeil, dit fatigue chronique ! Une étude de l’Université de Loughborough, en Angleterre aurait déclaré que les femmes nécessitent 20 minutes de sommeil en plus. L’explication apportée par le chercheur serait que le cerveau féminin a besoin de plus de récupération pour être à même de gérer toutes les taches de la vie quotidienne. « Les cerveaux féminins sont connectés différemment » affirme le Britannique dans l’étude.
Différentes pathologies peuvent avoir un impact sur chaque individu ainsi que sur la fatigue ressentie. Exemple : Une patiente souffrant d’arthrite/d’arthrose peut ressentir une fatigue organique due à la limitation de ces mouvements et un épuisement psychique en raison des douleurs physiques ressenties, ainsi qu’une sorte de sensation de dépendance à ces divers traitements.
Les traitements peuvent générer une fatigue chronique : c’est le cas de certains traitements anxiolytiques, antidépresseurs ou antalgiques ; c’est bien connu également pour certains traitements anti-hypertenseurs.
Les Causes :
Le sommeil est un excellent indicateur de l’état de santé général de la personne et de ses relations avec son environnement. On peut se sentir fatigué au réveil lorsque le sommeil n’est pas réparateur et qu’il ne constitue pas un véritable repos. En cas de fatigue, les simples tâches quotidiennes se transforment en corvée.
Les causes de la fatigue au réveil sont multiples. Ce n’est pas un phénomène à prendre à la légère car cette fatigue peut être liée à un problème d’ordre physique ou psychique.
Voici quelques principales raisons qui peuvent mener à la fatigue :
- L’anémie est une grande cause de fatigue chronique en raison d’un déficit d’apport d’oxygène aux différents organes par manque de globules rouges.
- L’hypothyroïdie, est une maladie qui se traduit par un dysfonctionnement de la glande thyroïde. Située dans la partie antérieure du cou, elle intervient dans de nombreux métabolismes grâce à sa sécrétion hormonale. Si la production d’hormones est trop faible, cela va générer un état de fatigue chronique.
- Des maladies infectieuses comme la mononucléose, l’herpès, la grippe, le rhume, la sinusite, etc. Ces maladies causées par des microorganismes se manifestent par une très grande fatigue.
- Des troubles ou difficultés psychiques comme : la dépression, le stress, le surmenage, l’anxiété, le burn out. Selon l’OMS, le burn out est caractérisé par « un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle, d’incapacité à des résultats concrets au travail. »
- Des troubles hormonaux chez la femme : la ménopause et le syndrome prémenstruel.
- La grossesse
- La prise de certains médicaments qui font somnoler (antitussifs, myorelaxants, calmants)
- Divers maladies rhumatismales. Les symptômes sont : fatigue importante et persistante, troubles du sommeil, douleurs diffuses dans tout le corps.
- L’hypertension et/ou de l’hypotension.
- Les pathologies cancéreuses.
Mais encore nous pouvons citer d’autres causes, qui ne sont pas des maladies mais plutôt des mauvaises habitudes qui alimentent bien souvent notre fatigue :
Vous le savez, il est préconisé d’avoir une durée minimale de 30 minutes d’activité physique au moins 3 fois par semaine. Un manque d’exercice peut entrainer une fatigue chronique.
Un déséquilibre alimentaire peut provoquer des carences. Ainsi, que le manque de vitamines, glucides, de minéraux ou de protéines peut engendrer une sensation de fatigue. La nourriture est le « carburant » de notre organisme. Il est essentiel d’avoir une discipline alimentaire pour vaquer à ses tâches quotidiennes.
Le tabagisme et l’alcoolisme sont des facteurs qui peuvent induire une fatigue chronique.
Certes la fatigue est bien souvent inhérente à notre mode de vie. Surmenage et stress en sont les éléments déclencheurs. La clé est d’être conscient de ses capacités physiologiques et psychologiques ainsi que de trouver le bon équilibre entre activité et repos.
Quelques règles d’hygiène de vie suffisent, la plupart du temps, à laisser la fatigue à sa porte.
Nous vous proposons quelques-unes :
- Ayez une discipline alimentaire, une alimentation saine et variée
- Evitez les régimes restrictifs, trop stricts
- Ne consommez pas d’aliments trop gras ni trop sucrés
- Ne consommez pas de café ni d’alcool en excès et fumez pas
- N’abusez pas des médicaments, ne prenez que les indispensables (méfiez-vous des associations)
- Faites du sport et de l’exercice physique adapté à votre état physiologique
- Dormez suffisamment et si possible à heures fixes
- Pratiquez une certaine forme de relaxation
- Sachez reconnaitre vos limites
- Soyez patient